Un composé moléculaire pour inverser Alzheimer
Dans une étude sur des souris, des chercheurs américains ont été en mesure d’inverser les symptômes de la maladie d’Alzheimer en utilisant un composé moléculaire nouvellement créé.
L’OL-1 pour bloquer l’excès de bêta-amyloïde
Les estimations d’augmentation significative du nombre de patients atteints de la maladie d’Alzheimer d’ici 2050 soulignent l’importance de trouver de nouveaux traitements pour la maladie.
L’équipe de recherche de l’Université de St. Louis dans le Missouri aux Etats-Unis, dirigée par Susan Farr, professeur de gériatrie, a développé un composé moléculaire appelé oligonucléotide antisens (OL-1). Lors d’un essai sur des souris ayant la maladie d’Alzheimer, elle a pu inverser les symptômes classiques de la maladie : l’inflammation du cerveau et les déficits de mémoire et d’apprentissage.
Les chercheurs expliquent que l’OL-1 agit en bloquant l’acide ribonucléique messager (ARNm) qui stimule la production de l’excès de protéine bêta-amyloïde pouvant conduire à la formation de plaques caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.
Dans le détail, le composé a été capable de réduire la surexpression du gène de la protéine précurseur de la bêta-amyloïde, qui régule la quantité de protéines bêta-amyloïde présente dans le corps.
Le composé testé sur le gène bêta-amyloïde humain
Pour atteindre leurs résultats, publiés dans la revue Journal of Alzheimer’s Disease, l’équipe a testé l’OL-1 sur des souris génétiquement modifiées surproduisant une forme mutée du gène humain de la protéine précurseur de la bêta-amyloïde.
Les chercheurs notent que dans une étude précédente, ils avaient testé le composé sur des souris qui surproduisaient naturellement de la bêta-amyloïde. Bien que cette étude fût un succès, l’équipe a voulu tester le composé sur une forme humaine du gène pour voir s’il était tout aussi efficace.
Les souris présentaient des niveaux élevés de bêta-amyloïde, ce qui augmente l’inflammation dans le cerveau et provoque un endommagement de l’hippocampe, conduisant à une déficience de l’apprentissage et de la mémoire.
Pour servir de comparaison, les chercheurs ont testé un composé antisens aléatoire sur des souris sauvages saines. Environ la moitié des souris génétiquement modifiées a reçu le même composé antisens, tandis que l’autre moitié a reçu l’OL-1.
A la suite de tests de reconnaissance et d’orientation, les chercheurs ont constaté que les souris génétiquement modifiées ayant reçu l’OL-1 présentaient une amélioration de l’apprentissage et de la mémoire, par rapport aux souris génétiquement modifiées qui avaient reçu le composé antisens aléatoire.
En comparant les effets de l’OL-1 chez les souris génétiquement modifiées et le composé antisens aléatoire chez les souris sauvages, les chercheurs n’ont trouvé aucune différence dans l’apprentissage et la mémoire.
En outre, les chercheurs ont testé différents sites d’injection de l’OL-1 sur les souris, comme dans le système nerveux central de sorte qu’il puisse entrer directement dans le cerveau, ou à travers une veine de la queue afin de circuler dans le sang. Cependant, ils ont constaté que le site d’injection n’a eu aucune influence particulière sur les résultats.
« Nos résultats soulignent l’importance de la protéine bêta-amyloïde dans le processus de la maladie d’Alzheimer. Ils suggèrent que l’antisens qui cible la protéine précurseur de la bêta-amyloïde est un traitement potentiel à explorer pour inverser les symptômes de la maladie d’Alzheimer », explique le Pr. Susan Farr.