Mutuelle seniors : vers un abandon des contrats labellisés ?
Depuis 2015, le collectif de défense « les Abeilles », mouvement fédérant des courtiers d’assurance de proximité, milite vivement contre la labellisation des contrats d’assurance santé seniors. Désormais, il prône l’abandon total de ce projet.
Contrats seniors : « un gros cadeau électoral de dernière minute »
Depuis plus d’un an et demi, l’opposition au projet gouvernemental de labellisation des contrats de complémentaire santé pour les seniors de plus de 65 ans s’est généralisée à l’ensemble des acteurs de l’assurance : la Fédération Française de l’Assurance, Agéa, les réserves de l’APCR, les différentes fédérations mutualistes (FNIF, FNMF, FDPM…), ou encore la CSCA et Planète Courtier. Jamais un projet n’a rencontré une opposition aussi unanime de quasiment tous les représentants d’un même secteur économique.
Il est vrai que la mesure est très peu appréciée par les organismes complémentaires, d’autant que les derniers décrets se font toujours attendre. Rappelons que la mise ne œuvre du projet devrait voir le jour le 1er janvier 2017. Il semblerait donc que le dispositif ne soit plus une priorité pour le gouvernement, à quelques mois des élections présidentielles et législatives.
Les Abeilles montent une nouvelle fois au créneau en profitant d’un flou autour du projet et réaffirment leur opposition. Le collectif estime que les prochains contrats seniors deviendraient des « mutuelles lactalis » en référence au secteur agricole. Selon lui, « les mutuelles obligeraient les petits producteurs de l’assurance santé à vendre en dessous des coûts de production. […] Les tarifs imposés sont tellement bas que seuls quelques acteurs, les plus gros du marché et les plus puissants financièrement pourraient éventuellement se risquer à commercialiser ces contrats bradés ». Le collectif rappelle que ce sont des dizaines de milliers d’emplois du secteur qui sont mis en péril par le dispositif tel que proposé.
En outre, l’absence de condition de revenu pour accéder aux contrats seniors hérisse le poil du collectif. En effet, elle serait « un cadeau tombé du ciel pour les retraités privilégiés, […] un gros cadeau électoral de dernière minute ».
Des contrats seniors inadaptés aux besoins réels des adhérents
Si cette labellisation a été conçue pour rendre plus accessible la couverture santé complémentaire auprès des seniors de plus de 65 ans, elle risque pourtant de fragiliser tout un pan économique de notre société. De plus, les contrats seniors seront tarifés selon l’âge, ce qui est contraire au principe de mutualisation et de solidarité intergénérationnelle.
Les 3 niveaux de garanties proposées par l’Etat sont bien trop faibles compte tenu des coûts réels, et les organismes complémentaires estiment que les tarifs seront probablement très attractifs à la mise en vigueur des contrats seniors, mais ne pourront continuer de l’être à brève échéance, car les professionnels ne pourraient pas maintenir à ce niveau sur la durée.
Les organismes complémentaires avancent également une couverture déconnectée des besoins réels des seniors. Par exemple, les contrats seniors proposeront une prise en charge des frais d’orthodontie, un poste inutile nous en conviendrons pour les seniors, mais aucunement une prise en charge des frais d’implantologie dentaire, pourtant nécessaire et qui, de surcroît, est déjà proposée par les mutuelles complémentaires existantes.