L’épidémie de démence en voie de stabilisation

L’ « épidémie de démence » qui a déjà été annoncée pourrait avoir été en définitive surestimée selon les derniers chiffres de la maladie en Europe.

Baisse de la prévalence et de l’incidence de la démence chez les seniors de plus de 65 ans

Les premières études épidémiologiques portant sur les effets de la démence ont commencé dans les années 1980. Mais elles continuent encore aujourd’hui à façonner le développement des politiques de santé de nombreux gouvernements.

D’éminents chercheurs de diverses institutions à travers l’Europe ont cherché à vérifier si les données recueillies à partir de ces études étaient toujours d’actualité. « Ces vieilles études appuient l’idée d’une poursuite de l’épidémie de démence », explique le Pr. Carol Brayne, de l’Université de Cambridge au Royaume-Uni et auteur principal de l’étude. « Mais elles sont désormais obsolètes en raison de changements dans l’espérance de vie, les conditions de vie et des améliorations dans les soins de santé et de mode de vie ».

Les résultats, publiés dans la revue The Lancet, sont issus des données recueillies de 5 grandes études épidémiologiques qui portaient sur le taux de survenue de la démence dans Europe. Les résultats suggèrent que la prévalence (pourcentage de la population diagnostiquée) et l’incidence (nombre de nouveaux cas au cours du temps) de la démence dans les groupes d’âge spécifiques sont en baisse à travers le temps et les générations.

4 des 5 études analysées montraient des changements non significatifs dans les événements globaux de démence au cours des 20-30 dernières années.

Or, au Royaume-Uni, il  y a eu une réduction significative de 22% de la prévalence de la démence pour les seniors de plus de 65 ans par rapport aux chiffres précédemment prévus. Cette baisse a entraîné une estimation de stabilisation du nombre de patients diagnostiqués.

Il y a également eu une réduction significative de la prévalence de la démence pour les seniors de plus de 65 ans en Espagne, avec une baisse de 43% entre 1987 et 1996.

Les données des autres études en Suède et aux Pays-Bas démontrent que l’incidence de la démence selon l’âge est également en baisse.

Amélioration de la prévention et des traitements

Selon le Pr. Brayne, les résultats indiquent que la démence a diminué parallèlement à l’amélioration des facteurs de protection contre la maladie et la réduction des facteurs de risque. « L’incidence et les décès dus à des maladies cardiovasculaires graves ont diminué dans les pays à revenu élevé depuis les années 1980. Nous observons maintenant les résultats des améliorations potentielles dans la prévention et le traitement des facteurs de risque cardiovasculaires, tels que l’hypertension artérielle et le cholestérol, reflétés dans le risque de développer la démence », explique le Pr. Brayne.

Malgré ces résultats encourageants sur la diminution des occurrences de démence, elle avertit néanmoins que fournir des soins pour la maladie restera le défi majeur. « Il est important de se rappeler que le nombre de personnes de plus de 85 ans est en progression rapide, avec environ 40% actuellement estimées être touchées par la démence », conclut Yu-Tzu Wu, également de l’Université de Cambridge et co-auteur de cette nouvelle étude.

 

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