Le transposon à l’origine de la durée de vie

De nombreuses études soutiennent l’idée d’une « théorie du transposon ». Les transposons sont des éléments incontrôlés de l’ADN qui se libèrent dans les cellules vieillissantes et qui se réécrivent ailleurs dans le génome, ce qui pourrait raccourcir la durée de vie. Une nouvelle étude vient encore une fois étayer ce lien.

À mesure que les cellules vieillissent, les transposons se libèrent de leur position dans les chromosomes, perturbant la fonction cellulaire normale. Des études ont montré que, parallèlement, la restriction calorique ou la manipulation de certains gènes pouvaient manifestement allonger la durée de la vie des animaux en laboratoire.

De nombreuses sources de données pour corroborer le lien entre transposon et durée de vie

Cette nouvelle étude a été menée en se basant sur plusieurs expériences approfondies reliant directement l’affaiblissement de l’hétérochromatine, qui libère les transposons de leur position initiale, l’augmentation de l’expression du transposon, le vieillissement et la durée de vie.

Dans une série d’expériences sur des mouches, les chercheurs ont remarqué que l’activité du transposon n’était pas stable à mesure que les mouches vieillissaient. « Lorsque les mouches atteignent un certain âge, l’expression du transposon est exponentiel ». Les données ont montré que le délai dans lequel l’activité du transposon commence réellement à augmenter est étroitement corrélé avec le moment où les mouches commencent à mourir.

Plusieurs autres expériences montrent également qu’une intervention clé déjà connue pour augmenter la durée de vie (un régime alimentaire pauvre en calories) retarde considérablement le début de l’activité accrue du transposon.

Pour explorer davantage le lien entre l’expression du transposon et la durée de vie, les chercheurs ont testé les effets de la manipulation des gènes connus  pour améliorer la répression de l’hétérochromatine et qui se retrouvent aussi bien chez la mouche que chez les mammifères. Ainsi, l’augmentation de l’expression de 2 gènes a conduit à une augmentation de la durée de vie chez la mouche de 60 à 80 jours.

Enfin, les chercheurs ont également identifié qu’un médicament anti-VIH (3TC), qui inhibe l’activation des transposons et leur mouvement dans de nouvelles positions dans le génome, pouvait rétablir une certaine durée de vie chez les mouches qui présentaient une mutation de l’un des 2 gènes.

D’autres études sont encore nécessaires

Pour tous les nouveaux résultats, les chercheurs estiment qu’il n’est pas encore temps de déclarer d’emblée que les transposons sont l’une des causes des effets du vieillissement sur la santé.

Mais de nouvelles expériences sont prévues. Par exemple, les chercheurs vont s’attacher à délibérément encourager l’expression des éléments transposables pour voir si cela porte atteinte à la santé et la durée de vie. Une autre approche pourrait être de désactiver spécifiquement la capacité des éléments transposables de se mouvoir au sein du génome afin de voir si cela affecte également la durée de vie.

Les chercheurs continuent en parallèle à travailler avec le médicament 3TC dans l’espoir d’accroître son efficacité et d’en apprendre davantage sur sa sécurité.

« Les transposons semblent être un facteur important dans le vieillissement et ils sont susceptibles d’être une partie d’un processus plus large nuisant à la santé au fil du temps », concluent les chercheurs.

 

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