Seniors : rétention sélective de l’information et perte de mémoire

Les seniors qui se rappellent de manière sélective des informations positives par rapport aux informations neutres ou négatives obtiennent de moins bons résultats aux tests de mémoire. Telle est la conclusion d’une étude menée par des chercheurs américains, qui suggèrent que ce souvenir discriminatoire peut être un marqueur identifiant les premiers stades de la perte de mémoire chez les seniors.

Un test pour étudier la mémoire émotionnelle

Cette étude, publiée dans la revue Learning & Memory, des neurologues ont conçu et utilisé un test qui utilise le rappel d’histoires avec différents contenus émotionnels pour identifier les déficits de la mémoire et son déclin, en particulier dans le contexte du vieillissement et de la maladie d’Alzheimer.

32 seniors âgés en moyenne de 74,8 ans ont pris part à cette étude. Après que chaque histoire ait été lue à voix haute, on leur a demandé de réciter tous les détails dont ils pouvaient se souvenir. La tâche a été répétée au bout de 20 minutes, puis une semaine plus tard. Cela a permis aux neurobiologistes d’observer comment le rappel de l’histoire varie avec le temps.

« Nous voulions voir comment évoluaient les changements émotionnels de la mémoire au fil du temps. Nous avons donc développé un test pour détecter les changements subtils qui se produisent avec les différents types de mémoire émotionnelle chez les seniors », expliquent les chercheurs. « Nous avons comparé spécifiquement les réponses à des histoires positives, négatives et neutres pour savoir si la valence émotionnelle avait un rôle dans la façon dont les histoires sont restituées au fil du temps ».

Les participants ont également subi un examen d’apprentissage verbal pour évaluer la performance générale de leur mémoire. Ceci a servi à établir une distinction entre les personnes qui étaient les plus performantes et celles qui l’étaient moins. Aucun des participants ne souffrait de problèmes manifestes de mémoire pour un diagnostic clinique.

L’effet de positivité, un signe potentiel de perte de mémoire

En analysant les résultats, les chercheurs ont constaté que les seniors les moins performants présentaient un « effet de positivité », ou la propension à se rappeler des informations positives, au détriment des informations neutres. D’autre part, les seniors se rappelant davantage des histoires neutres, l’ont fait au détriment des informations positives.

« Nous pensons que cette retenue des informations positives peut être un mécanisme de compensation qui masque les effets de la perte de mémoire chez les seniors, bien que cela reste purement spéculatif », commentent les chercheurs. « Il est possible que la mémoire sélective des informations positives puisse être liée à des changements dans les réseaux cérébraux en charge de la mémoire, de la valence émotionnelle et de la valeur de la récompense. Les études futures utilisant des techniques d’imagerie cérébrale seront essentielles pour la compréhension des mécanismes sous-jacents de cet effet ».

Puisque tous les participants au moment de l’étude ne souffrait d’aucun signe de perte de mémoire, les chercheurs estiment que le test qu’ils ont créé, appelé test de mémoire logique émotionnelle, peut puiser dans des changements subtils des capacités de mémoire émotionnelle avant les symptômes évidents du déclin cognitif.

 

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